Le 20 janvier se tenait un colloque organisé par l'AFAE, au lycée Hector Berlioz de Vincennes, dont le thème principal était les neurosciences et la neuroéducation.
Le colloque a débuté par l'intervention de Vincent Audebert1 ce dernier s'est attaché à montrer que les neurosciences étaient actuellement l'objet de nombreux débats notamment parce qu'elle donnait l'image d'une science prônant l'efficacité pédagogique à travers le développement de solutions protocolaires pour une situation ou un problème donné. Ces neurosciences sont aussi souvent utilisées pour justifier des méthodes manageriales ou des idées politiques. Ainsi, c'est bien sur la question de la place des neurosciences à l'école qui s'est posée et sur les liens que les neurosciences peuvent entretenir et construire.
Puis ce fut au tour de Grégoire Borst2 de nous présenter une vision des neurosciences qui tranche avec celle que nous avons l'habitude d'entendre. G. Borst a rappelé que les enseignants sont les spécialistes de la classe et que les chercheur en neurosciences sont ceux du cerveau. C'est ainsi que la classe ne devient plus le théatre de l'application des injonctions faites par les chercheurs en neurosciences mais plutôt le lieu ou les difficultés récurrentes peuvent être repérées puis remontées aux chercheurs. Cela permet aux neuroscientifiques d'alimenter leur recherche puis de proposer aux enseignants des explications sur la difficulté rencontrée. Ce dialogue permanent permet alors aux enseignants de développer des scénarios pédagogiques afin de remédier à ces difficultés, d'ou la nécessité de développer des partenariats durables.
Au cours de la deuxième partie de son intervention G. Borst s'est attaché à montrer les causes possible d'une erreur réalisée par nos élèves et a développé l'idée que l'apprentissage du raisonnement et de la créativié devaient s'appuyer sur la capacité des élèves à résister contre certaines réponses automatiques. Ainsi, la résistance à ces automatismes et la prise de conscience de de celles-ci seraient une des clés de l'apprentissage. Ainsi notre dynamique de raisonnement et de réflexion serait alimenté par un système de réponses automatiques (environ 90% des réponses) et un système logique de rationalité plus lent et fondé sur notre capacité à inhiber cette automatisation (dans 10% des cas). C'est pourquoi il peut être intéressant de travailler avec les élèves sur leurs capacités à repérer les réponses automatiques et à construire de nouveaux schémas de pensées permettant d'inhiber ces réponses automatiques dans certaines situations. G. Borst à également insisté sur le fait qu'il n'était pas question de proscrire totalement le système de réponses automatiques mais bien de prendre conscience de son existence afin de mesurer la qualité d'une réponse face à un problème et surtout pour surmonter un problème qui ne serait pas résolu immédiatement par ce système de pensées.
La présentation de Grégoire Borst est disponible en suivant ce lien : ici
Est aussi intervenue, Nicole Bouin, qui a été professeur d’Histoire-Géographie pendant 40 ans et qui est formatrice depuis 20 ans, membre de l’association 123dys et militante des Cahiers Pédagogiques.
Cette dernière a notamment insisté sur la nécessaire formation des enseignants aux neurosciences mais à condition que ces dernières soient au service du métier d'enseignant et d'éviter les dérives associées à ces neurosciences (neuromythes, ...). Mme Bouin a ensuite rappelé que les neurosciences avaient infirmé certaines idées reçues en montrant que l'apprentissage précoce d'une langue n'était pas un frein à l'apprentissage de la langue maternelle, que les taches complexes sont plus efficaces que des exercices sériés progressifs ou encore en montrant la grande efficacité pour la mémorisation de la réactivation en d'autres termes le « ça on l'a déjà vu ». Enfin, Mme Bouin a en réalité insisté pour une meilleure connaissance par les élèves de leur propre fonctionnement cognitif afin de favoriser leurs apprentissages.
1Vincent Audebert est IA-IPR de SVT dans l'académie de Créteil
2Grégoire Borst est professeur de psychologie du développement et de neurosciences de l'éducation à l'université Paris Descartes